Une histoire patrimoniale : l’Afrique
Écrit par Eitel Basile Ngangue Ebelle | E.B.N.E sur 31 août 2024
Parler de « la musique africaine » est un non-sens tant ce continent recèle de rythmes, mélodies, traditions et langages divers. Est-il pertinent de réunir sous une seule bannière des formes d’expression aussi différentes que le Makossa, l’Afrobeat, le Kwaito ou le Maloya ? Le dénominateur commun à tous ces vocabulaires sonores ne peut être que la dimension internationale de leur histoire. Que l’on perçoive ou non cette évidence, les musiques populaires actuelles ont toutes un enracinement africain. Pour autant, les fondre dans une appellation générique serait fort réducteur car chacune d’elles identifie un peuple, révèle une culture, détermine sa place dans L’épopée des musiques noires.
Tutu Puoane, Ablaye Cissoko ou Mokhtar Samba ont-ils des points communs ? Outre leurs origines africaines, ils ont tous une histoire propre qui les distingue les uns des autres. La chanteuse Tutu Puoane est une artiste sud-africaine qui défend ses racines avec vigueur en mettant en musique les mots de sa consœur poétesse Lebogang Mashile. Cette implication sincère revêt certainement un caractère revendicateur même si la principale intéressée préfère parler de célébration romantique de sa culture ancestrale. Tutu Puoane ne se considère pas militante. Elle se plaît seulement à exprimer ses états d’âme qui, parfois, rejoignent les préoccupations de ses contemporains. Sa participation au collectif « Black Lives – From Generation to Generation » en est une belle illustration. L’intention est louable puisqu’elle encourage la tolérance et l’unité des peuples du monde entier, sans discrimination, sans préjugés, sans idées préconçues.
Ablaye Cissoko fait également partie de ces esprits sages qui insufflent la concorde au-delà des frontières géographiques de son Sénégal natal. Virtuose de la kora, il promeut le partage et l’écoute en multipliant les projets multicolores. Avec son ami Simon Goubert, brillant batteur français, il a imaginé il y a 15 ans un orchestre dont les effluves musicaux transcendent les nationalités. « African Jazz Roots » fit paraître un premier album en 2012 et veille depuis à entretenir la flamme du consensus rythmique et mélodique. Une fois de plus, le continent africain, pétri de nombreuses sources sonores, nourrit l’universalisme de la musique.
Le batteur Mokhtar Samba ne peut que souscrire à cette définition incontestable. Ce maestro de la cadence africaine assumée est le fruit de plusieurs cultures. Ses racines marocaines et sénégalaises ont favorisé son ouverture d’esprit et accéléré sa compréhension de la « clave », ce rythme afro-planétaire que des milliers de musiciens ont dû appréhender pour développer leur personnalité artistique. Certains l’ont acquis avec effort, d’autres l’ont simplement ressenti et façonné à leur guise. Pour Mokhtar Samba, la maîtrise de cet art est innée. Elle s’inscrit dans son ADN culturel. Il n’est d’ailleurs pas étonnant que son dernier album Safar soit un voyage international dont le tempo africain ponctue les différentes étapes.
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Site internet Tutu Puoane Music