Laura Prince se révèle au Togo
Écrit par sur 14 juin 2025
Elle n’est pas la première, et sûrement pas la dernière, à vouloir toucher du doigt son ancestralité culturelle. Laura Prince, comme nombre d’hommes et de femmes issus d’une union métisse, veut embrasser l’entièreté de son être et jouir pleinement de ses racines multiples. Adjoko est le fruit de cette quête identitaire qui l’a conduite sur la terre de ses aïeux.
Cette démarche existentielle entreprise par Laura Prince narre une aventure humaine qui nous ramène au temps de l’esclavage, quand le commerce triangulaire infligeait aux populations africaines un quotidien de douleur et de souffrance. Adjoko n’est pourtant pas un album triste. Une lumière d’espérance jaillit tout au long des 12 mélopées qui composent ce disque sensible et émouvant dont on perçoit instantanément l’intention révérencieuse à l’égard des aînés. Laura Prince honore ceux qui ont ouvert la voie et ont modelé sa voix. La richesse des sources d’inspiration que son épopée multiculturelle lui offre a nourri sa tessiture. Les harmonies européennes classiques et le swing mélodieux du jazz américain n’attendaient plus que les pulsations africaines originelles pour magnifier ses prouesses vocales.
Pour atteindre ce niveau d’excellence, il lui fallait s’entourer de musiciens attentifs et bienveillants. Le pianiste ghanéen Victor Dey Junior et le percussionniste béninois Samuel Agossou l’ont accompagnée dans ce voyage initiatique. À Ouidah, Laura Prince s’est plongée dans le patrimoine sonore local, a accueilli les rites et codes régionaux et s’est révélée à elle-même. Ce périple intérieur fut certainement une première étape vers la réappropriation de son héritage séculaire. Consciente du long chemin à parcourir, elle avance pas à pas et apprend, avec humilité, de cet exigeant tourbillon de la vie. Cela commence par l’idiome autochtone, outil d’échange linguistique indispensable, qu’elle reconnait volontiers ne pas maîtriser. « J’essaye de communiquer, mais je ne parle pas ta langue. Je ne suis ni d’ici, ni d’ailleurs » dit-elle dans le titre « May Be ».
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Son honnêteté et son authenticité transpirent dans sa musique et dans ses ornementations vocales. Depuis Peace of Mine en 2021, Laura Prince a acquis une sincère maturité dont nous discernons aujourd’hui la valeur artistique. C’est ce récit qu’elle entend, à présent, délivrer sur scène et en studio. Rendez-vous le 24 juin 2025 au New Morning à Paris pour écouter son histoire et frissonner de plaisir.