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Chapitre 4 : le Jazz Vocal

Écrit par sur 23 août 2025

Le pianiste, compositeur, chef d’orchestre, auteur et pédagogue français, Laurent Cugny a fait paraître ce printemps chez Frémeaux & Associés un ouvrage didactique très accessible sobrement intitulé Une histoire du jazz. Des balbutiements swing à la fin du XIXè siècle aux mutations stylistiques des années 1990, c’est une épopée musicale et sociale unique qui a rythmé et narré le quotidien des Afro-Américains au fil des décennies.

La voix est certainement le reflet de l’âme. Alors que les instrumentistes ont accompagné, épousé, accéléré, les mutations stylistiques du jazz depuis un siècle, l’art vocal a conservé cette vibration intangible qui échappe aux genres et aux classifications. Certes, un chanteur de blues n’articule pas les mots comme un ténor à l’opéra mais, dans ces deux contextes spécifiques, l’authenticité de l’interprétation suscite une émotion. Quelle que soit la tessiture, la vérité d’un chant touche irrésistiblement l’auditeur. Cette qualité intrinsèque est une constante dans l’histoire des musiques afro-américaines et du jazz en particulier.

Quand les esclaves africains se donnaient du courage en entonnant des mélodies scandées par la répétition de leurs gestes au labeur, l’expressivité de ces complaintes ne pouvait être que sincère. L’honnêteté d’une voix est immédiatement perceptible. Elle traduit un vécu que la communauté noire outre-Atlantique a sublimé en art séculaire. Sacré ou profane, le répertoire importe peu quand faire entendre sa voix devient un exutoire à une vie de douleurs. Écouter le timbre, pourtant très distinct, de Louis Armstrong, Mahalia Jackson ou B.B. King révèle instantanément une destinée qui ne peut être feinte. Cette indicible résilience a nourri un profond sentiment d’appartenance à une communauté guidée par un désir de liberté pleine et entière.

Des générations de chanteurs et chanteuses ont porté ce vœu de justice et d’égalité par le simple fait de s’approprier la poésie de leur époque. Un air traditionnel peut narrer l’histoire d’un peuple, évoquer une aventure humaine, rendre hommage aux aînés, célébrer une culture, tant que l’inaltérable vigueur vocale sait la restituer. Le jeune chanteur Tyreek McDole, par exemple, a en lui la sève de ses ancêtres haïtiens et le savoir de ses aînés américains. Il est, à 25 ans, l’héritier d’une mémoire vocale jazz qui se transmet irrémédiablement depuis plus d’un siècle.

Une histoire du jazz, de Laurent Cugny, chez Frémeaux & Associés.

Titres diffusés cette semaine :

« My baby just cares for me » par Nina Simone (Frémeaux & Associés)

« Backwater blues » par Bessie Smith (Frémeaux & Associés)

« Embraceable you » par Sarah Vaughan (Frémeaux & Associés)

« Sweet Lorraine » par Nat King Cole (Frémeaux & Associés)

« Wongolo Walé » par Tyreek McDole (Artwork Records)


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