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Chapitre 3 : le World Jazz

Écrit par sur 16 août 2025

Le pianiste, compositeur, chef d’orchestre, auteur et pédagogue français, Laurent Cugny a fait paraître ce printemps, chez Frémeaux & Associés, un ouvrage didactique très accessible sobrement intitulé « Une histoire du jazz ». Des balbutiements swing à la fin du XIXè siècle aux mutations stylistiques des années 1990, c’est une épopée musicale et sociale unique qui a rythmé et narré le quotidien des Afro-Américains au fil des décennies.

De longue date, le jazz s’est nourri de cultures rencontrées en chemin. Le trompettiste Dizzy Gillespie, par exemple, s’est très tôt inspiré des musiques cubaines pour donner à son orchestre une tonalité enracinée dans les traditions latines. Cette propension à jouer avec les accents caribéens n’est donc pas une trouvaille stylistique saugrenue. La fusion des sources créatives a dessiné les contours d’une évidente créolisation du swing afro-américain. L’internationalisation du dialogue sonore entre instrumentistes d’horizons très divers profitera d’ailleurs, au début des années 70, de l’idéalisme sociale hippie plus altruiste et ouvert sur le monde. Le pianiste Randy Weston entrera dans la transe irrésistible des gnawas du Maroc. Le guitariste John McLaughlin créera Shakti et convolera avec les maîtres des tablas indiens. Le « World Jazz » n’est alors plus une simple appellation, il devient une réalité.

Ce marqueur temporel sera déterminant. Il modèlera les choix artistiques de milliers de compositeurs et d’interprètes. Les limites géographiques, les barrières linguistiques, les origines culturelles, ne seront plus des obstacles insurmontables. L’industrie du disque accompagnera même ces hybridations rythmiques et harmoniques en misant sur la globalisation d’un marché en pleine expansion. Aujourd’hui, les dénominations commerciales existent toujours mais elles se heurtent à l’inventivité toujours plus audacieuse de musiciens aux quatre coins de la planète. Les catégories ne sont que des repères pour consommateurs égarés dans les méandres d’un jazz protéiforme. Internet a universalisé les productions et bousculé la linéarité d’une forme d’expression centenaire dont les contours semblent plus diffus.

Depuis 50 ans, l’engouement pour les expériences multiculturelles s’est accru. Les poussées de fièvre musicales d’autrefois, clairement identifiées et arrimées à des époques de bouleversements socioculturels, semblent disparaître au profit d’une myriade de petites révolutions sonores dont la flagrante valeur se révèle lors de prestations en public. Le swing n’a pas disparu. Il s’exprime autrement…

«Une histoire du jazz», de Laurent Cugny, éditions Frémeaux & Associés.

 

Titres diffusés cette semaine :

« Tanjah » par Randy Weston (Polydor)

« Afroblue » par McCoy Tyner (Impulse Records)

« Salt Peanuts » par Steve Coleman (BMG)

« Salamero » par Laurent Cugny (Frémeaux & Associés).


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