Chaka Khan a plein d’amis !
Écrit par sur 19 juillet 2025
Le 4 juillet 2025 à Montreux en Suisse, l’illustre chanteuse Chaka Khan célébrait ses 50 ans de carrière en grandes pompes lors de la soirée inaugurale du 59è Montreux Jazz Festival. À cette occasion, elle avait convié à ses côtés quelques brillants interprètes du répertoire afro-américain dans une révérence appuyée au regretté Quincy Jones. Le lac Léman étincelait de 1 000 feux et le public souriait, chantait et dansait !
La première invitée à seconder la maîtresse de cérémonie fut Siedah Garrett. Cette grande voix soul est bien connue des amateurs de pop-music puisqu’elle se distingua en 1987 en donnant la réplique à Michael Jackson sur le titre « I Just Can’t Stop Loving You ». Il serait cependant injuste de réduire le cheminement artistique de cette étoile de l’art vocal à cette seule ritournelle. Siedah Garrett fut une proche de Quincy Jones et son histoire personnelle auprès du maître parle pour elle. « C’est lui qui m’a poussé à écrire des chansons alors que je ne m’imaginais qu’interprète. Il me répétait souvent : « Il faut jouer sur plusieurs tableaux ». Après avoir auditionné pour Quincy Jones, les portes des producteurs et des labels se sont ouvertes. On m’a proposé de chanter sur des titres comme « Through The Fire », « You Put a Move On My Heart », « Don’t Look Any Further » que Dennis Edwards des Temptations devait d’ailleurs chanter avec Chaka Khan, mais comme leurs emplois du temps respectifs ne coïncidaient pas, le producteur du disque a conservé ma version en attendant. Comment aurais-je pu imaginer que tout cela allait se produire ? Finalement, ce que vous entendez sur cet enregistrement, ce sont mes essais en studio. Incroyable, non ? » (Siedah Garrett au micro de Joe Farmer)
La plus fidèle consœur de Chaka Khan est, sans nul doute, Mica Paris. Leur camaraderie est indéniable et il paraissait logique que cette digne héritière de la culture gospel prenne part à une grandiose célébration œcuménique qui mit immédiatement en valeur sa tessiture ronde et chaleureuse. « L’église afro-américaine a eu un impact énorme sur la culture musicale outre-Atlantique et cela est une bénédiction, car vous apprenez très vite à ne pas être égoïste ou vaniteux, mais à privilégier la communauté. C’est ce que vous apprend le gospel, mais si vous avez un don pour le chant, que vous veniez de l’église ou non, importe peu. Je pourrais vous citer des dizaines d’artistes qui ne sont pas passés par l’église. Un don ne vient pas nécessairement d’une éducation religieuse. Cela démontre que l’on peut développer une tonalité particulière et être immédiatement identifiable sans avoir été une chanteuse de gospel à l’origine. C’est le cas de Chaka Khan. Cela fait 50 ou 60 ans qu’elle chante et personne n’a été capable de l’imiter ou de la surpasser. Elle a su conserver cette individualité artistique. » (Mica Paris, le 4 juillet 2025 à Montreux)
À écouter aussiChaka Khan en majesté à Montreux
Il n’y avait pas que des femmes sur la scène du lac de Montreux le 4 juillet 2025. Quelques stentors ont également su magnifier les œuvres estampillées « Quincy Jones ». Chaka Khan avait soigneusement sélectionné ses acolytes d’un soir et le baryton américain Rashaan Patterson fut très convaincant dans une relecture du classique « Come To Me » immortalisé jadis par James Ingram. Le petit frisson ressenti par les spectateurs nostalgiques lui traversa aussi l’échine. « Je vais être honnête avec vous… Tous les artistes qui montent sur scène ont ce moment de trac qui peut les pétrifier pendant quelques instants, mais une fois qu’ils se retrouvent devant le public, ils perçoivent instantanément l’énergie et l’amour que la foule leur renvoie et cet instant de doute disparaît aussitôt. Je ne remercierais jamais assez Quincy Jones pour son immense contribution à la musique en général et pour avoir aussi permis à certains artistes de se distinguer grâce à ses arrangements, grâce à ses merveilleuses productions. Le monde est plus beau grâce à lui. C’est un don incroyable qu’il nous a légué. » (Rashaan Patterson sur RFI)
Outre les autres impeccables prestations de Lalah Hathaway et Mark Sway, la surprise fut certainement la réappropriation du fameux « Rock With You » par le chanteur suisse-alémanique, Jan « Seven » Dettwyler. Sa version irréprochable de ce standard éternel a plongé les fans de Michael Jackson dans une extase inattendue. Il faut dire que « Seven » boit les paroles de son héros depuis sa prime jeunesse. « Le déclic a eu lieu alors que je n’avais que huit ou neuf ans. J’ai entendu l’album Off the Wall de Michael Jackson. Et depuis, je suis totalement accro à cette musique et à cet artiste. Ce disque a véritablement transformé ma vie. Être aujourd’hui invité à participer par Chaka Khan à une telle cérémonie d’hommage à Quincy Jones est un véritable rêve éveillé. Je me retrouve en compagnie de gens qui ont, non seulement, interprété, mais conçu ce répertoire. Rendez-vous compte, je vais chanter une chanson de l’album Off The Wall sur une scène aussi prestigieuse que Montreux. C’est véritablement incroyable ! C’est aussi très intimidant, mais mon rêve se réalise. » (Seven au micro de RFI dans les coulisses du Montreux Jazz Festival 2025)
La soirée d’ouverture du 59è Montreux Jazz Festival fut jubilatoire, émouvante, sensible, positive… Quincy Jones aurait certainement applaudi Chaka Khan et ses nombreux amis.
Titres diffusés cette semaine :
« Ain’t Nobody » par Chaka Khan (BMG) « Don’t look any further » par Dennis Edwards & Siedah Garrett (Motown Records) « Man in the Mirror » par Michael Jackson (Epic Records) « Baby come to me » par Patti Austin & James Ingram (Qwest Records) « You put a move on my heart » par Mica Paris (4th & Bway Records) « Rock with you » par The Jacksons Live (Epic Records).