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Que reste-t-il à dire d’Aretha Franklin ?

Écrit par sur 30 novembre 2024

Depuis sa disparition en août 2018, la chanteuse Aretha Franklin n’a jamais réellement cessé d’occuper nos esprits. Films biographiques, documentaires, rééditions, l’industrie de la musique ne manque pas une occasion de commémorer cette artiste unique. Un nouveau livre vient parfaire notre connaissance de son épopée tumultueuse. Frédéric Adrian, déjà auteur d’ouvrages consacrés à Otis Redding, Marvin Gaye, Ray Charles, Stevie Wonder et Nina Simone, se penche sur les gloires et les déboires d’une icône incontestable.

Fort documenté, ce nouveau récit ne prend pas position. L’auteur se contente de suivre pas à pas les différentes étapes d’une destinée unique en veillant à restituer avec le plus d‘authenticité possible les faits tels qu’ils se sont déroulés. C’est ainsi que l’on assiste à l’évolution progressive d’une gamine déjà très douée, chaperonnée par la flamboyance d’un père pasteur dont le mode de vie libertarien contraste avec ses obligations cléricales. Au fil des pages, la volonté d’indépendance de la jeune Aretha Franklin s’affirme. Certes, les premières années sont davantage tournées vers un jazz soyeux que sa voix magnifie avec grâce et affirmation mais bientôt sa réelle identité, pétrie de Soul et de Gospel, jaillit dans les enregistrements pour le label Atlantic.

Après avoir révélé une tessiture élastique dans les studios Columbia au début des années 60, c’est bien à la fin de cette même décennie que son ascension se confirme. Aretha Franklin devient une reine de l’art vocal et multiplie les succès grâce à ses prouesses mélodiques et une ribambelle de classiques parfaitement adaptés à son immense talent. « Respect », « Chain of Fools », « Natural Woman », « Say a Little Prayer », entreront dans le patrimoine populaire américaine. Aretha Franklin inscrira alors son nom dans « L’épopée des Musiques Noires ». Ses prestations scéniques seront tout aussi percutantes, notamment au Fillmore West de San Francisco en 1971 ou dans la Missionary Baptist Church de Los Angeles en 1972, lors d’une célébration pleine de ferveur du répertoire sacré.

Ce désir d’abandon spirituel a peut-être été l’exutoire dont son âme sensible avait indubitablement besoin pour échapper au poids de la notoriété. Aretha Franklin n’était pas facile à vivre. Ses frasques, exigences et caprices révélaient certainement un mal-être que Frédéric Adrian tente de circonscrire dans son ouvrage. Lorsqu’elle quitte Atlantic Records pour Arista Records, elle est une personnalité majeure de l’Amérique noire, citoyenne engagée, artiste respectée, mais une femme tourmentée par les soubresauts de sa vie personnelle. Elle veut impérativement rester dans l’air du temps. Alors, avec plus ou moins de maîtrise ou de clairvoyance, elle s’acoquine avec les interprètes en vogue. Ici avec Annie Lennox, là avec George Michael. Séduire un nouveau public devient son obsession mais Aretha Franklin se perdra, parfois, dans des productions clinquantes que sa voix seule ne permettra pas toujours d’illuminer. Au crépuscule d’une aventure humaine trépidante, elle se plaisait à affirmer avec un brin d’insolence que sa seule héritière serait : « Aretha » elle-même !

« Aretha Franklin », la biographie de Frédéric Adrian est disponible aux éditions Le Mot et Le Reste.

 Éditions Le Mot et le Reste : le livre «Aretha Franklin» de Frédéric Adrian

 Le site Aretha Franklin.


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